Il se dit un peu tout et n’importe quoi sur les voitures au sujet de leurs sources d’énergie…
Pour ma part, j’ai été utilisateur des véhicules thermiques (essence puis diesel puis hybride diesel, puis hybride essence) et à présent d’un véhicule tout électrique.
Les débats portent souvent plus sur l’impact écologique que sur le confort et les avantages et inconvénients pour l’utilisateur… Allez en voiture !
Explosion vous avez-dit explosion ? Pouvez-vous répéter je n’entends pas bien ?
Les voitures dites thermiques fonctionnent donc avec un moteur à explosion. Ce terme laisse présager des bruits de moteur qui font donc partie du concept et de nos habitudes. Je comprends aisément que certains et certaines apprécient le bruit caractéristique d’un 5 ou 6, voire 8 cylindres atmosphérique. Loin du bruit désagréable d’un 4 cylindre basique. Le bruit est aussi un synonyme de virilité, soit. Pour ma part je me passe volontiers des perturbations sonores, et j’assume ma part de féminité.
Pour ce qui est des carburants alimentants ces moteurs à explosion on peut faire le choix et débattre des intérêts et inconvénients du gasoil, de l’essence, de l’éthanol, ou du GPL. La France a été très forte en ventant les mérites du gasoil, avant de se rendre compte que les particules fines présentent un inconvénient. Et hop, virage à droite pour solliciter à nouveau l’achat des véhicules essence… Il n’empêche qu’au jeu du gramme de CO2 par litre les moteurs à essence sont plus émetteurs que ne le sont les moteurs diesel à puissance équivalente ce qui se ressent également à la pompe.
Electriquement vôtre
Les véhicules électriques font bizarrement leur apparition depuis peu chez tous les constructeurs. Il faut dire qu’ils manquaient plus de motivation que de savoir-faire. En effet qui dit moteur électrique dit moins d’entretien, et moins de fluides en tout genre (huile, liquide de frein, liquide de refroidissement), ainsi que moins de plaquettes de frein. Or les bénéfices des constructeurs sont principalement dégagés par les pièces détachées, les révisions régulières et l’entretien des véhicules… On peut ajouter à cela le lobby du pétrole qui devait certainement les influencer.
Heureusement un milliardaire visionnaire s’est emparé du sujet. Il a rejoint en 2004 les 2 fondateurs d’une entreprise Tesla Motors, créée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning en Californie. Passant outre tous les préjugés, et les lobbies, la première voiture électrique de série (petite série) est commercialisée en 2008 aux Etats-Unis : la Tesla Roadster. Elle est suivie 4 ans plus tard par la première berline électrique de série, la Modèle S. Viendront ensuite le SUV, Modele X fin 2015, et la petite dernière, la Model 3 en 2017. Cette dernière vient d’être commercialisée en France en février 2019.
Mais l’histoire de la voiture électrique remonte à 1834, presque 30 ans avant l’invention de la voiture thermique, et avant même l’invention de la batterie rechargeable. La première voiture commercialisée était donc électrique (1852), et n’utilisait pas de batterie rechargeable. À la fin du 19ème Siècle, les projets de mise en place de point de recharge intégrés au monde urbain sont même proposés. Il est donc plus juste de dire que TESLA est à l’origine de la première voiture électrique commercialisée après un siècle d’extinction de l’espèce.
Le marché bascule début 1900 vers les véhicules thermiques “à cause” de Ford et son modèle “T” pour des raisons pratiques d’alimentation et d’autonomie. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ont vu relancer certains projets qui n’ont cependant pas été poursuivis. Les décisions politiques aux Etats Unis et en France pour imposer aux constructeurs une (faible) part de leurs ventes pour des véhicules “0 émission” ont donné lieu à de timides initiatives. Il faut cependant saluer Renault qui a fait quelques efforts en la matière, et commercialisé en 2013 la Renault Zoé.
Et nous en serions restés là si quelques audacieux n’avaient osé réellement bousculer nos habitudes ! Comme par hasard il a fallu que cette énergie (si je puis dire) ne soit pas déployée par un constructeur automobile existant. Pour être précis, la Nissan Leaf a été commercialisée en décembre 2010 donc peu de temps après la Tesla Roadster et avant la modèle S. Mais Tesla a été le premier à proposer avec le modèle S un véhicule électrique avec une telle autonomie : plus de 400 kms.
Electriquement vôtre aussi !
Les véhicules à hydrogène utilisent eux une pile à combustible pour produire de l’électricité à partir de ce gaz. Les recherches sur cette technologie appliquées aux véhicules propres ont été réactivées suite au protocole de Kyoto en 1997. Vous trouverez facilement des explications sur le principe de la pile à combustible. Pour faire simple il s’agit du procédé inverse à celui de l’électrolyse. Pour ce qui est des piles utilisant l’hydrogène, il s’agit de produire de l’électricité en transformant l’hydrogène du réservoir (stocké sous très haute pression) et l’oxygène de l’air à l’aide d’un catalyseur qui est généralement du platine. Il serait donc plus juste de dire que nous avons affaire à une voiture électrique à hydrogène puisque le moteur alimenté ainsi est un moteur électrique.
La poule et l’oeuf…
Après ce petit tour historique et technologique, vous n’êtes pas forcément plus avancé(e)… La grande question, celle de l’écologie se pose toujours. Que ce soit des batteries ou une pile à combustible le sujet est de savoir comment sont produits les “consommables” utilisés… En effet pour produire de l’électricité on peut utiliser aussi bien des générateurs utilisant des énergies fossiles, que des moyens nucléaires, ou des éoliennes, des panneaux solaires ou encore des barrages hydro-électriques. Et il se trouve qu’en France, en 2018, seulement 20% de l’électricité était produite par des énergies renouvelables.
Même remarque pour l’hydrogène qui est massivement produit à l’aide d’énergie fossile (95% en 2018).
Ok mais on fait quoi ?
Mon point de vue malgré tout est que les véhicules électriques (et pourquoi pas la voiture à air comprimé qui existe également mais n’a pas encore émergé) sont aujourd’hui parfaitement au point, que leur autonomie est suffisante, et que le réseau de chargeur est tout à faire adapté. Il n’y a plus de bonnes raisons de s’en priver à ce jour par peur de la panne sèche. Je pense également que leur déploiement est favorable au développement de nouvelles recherches pour optimiser leur performance, et améliorer les niveaux de recyclage et la durée de vie des batteries. À moins que les lobbies du pétrole aient volontairement abouti à enterrer des projets permettant de réduire la consommation des voitures thermiques par 3 ou 4, il semble que nous soyons arrivés au bout des optimisations de rendement de cette combustion.
La question de l’empreinte écologique des véhicules dits propres est intimement liée à présent aux sources d’énergie utilisées pour produire les consommables (“carburants”). De nombreux détracteurs avancent qu’une voiture électrique est beaucoup plus polluante qu’une voiture thermique. C’est sûrement vrai à l’achat, mais l’écart se réduit au fil des kilomètres parcourus, d’autant plus vite si l’électricité utilisée ou produite provient de sources d’énergie renouvelables. Tesla annonce des batteries recyclables à 85% mais la question des filières de recyclage n’est pas résolue pour autant.
L’autre argument avancé par les détracteurs est également la dépendance accrue aux pays producteurs de métaux rares, ceux qui sont utilisés dans les batteries, comme le platine de la pile à combustible. Et le producteur majeur de ces métaux rares est … la Chine. Difficile de faire un choix entre la dépendance aux pays producteurs de pétrole et la Chine non ?
Et sinon ?
Pour finir sur la question de l’usage. Je préfère nettement disposer d’une voiture silencieuse, qui dispose d’une autonomie largement suffisante pour 98% de mes besoins, et que je peux recharger à l’aide d’une simple prise de courant (sur une prise classique de 16 A, la TESLA va brider la charge à 13 A ce qui représente environ 3kwh de charge soit environ 17 kms rechargés par heure). Il est également très appréciable de faire 500 kms avec une dépense de 10€ (et environ le double, 18€ sur un super-chargeur). J’apprécie particulièrement de ne pas avoir les doigts qui puent l’essence ou le gasoil, de ne pas avoir à m’arrêter sur les aires d’autoroutes les plus fréquentées pour faire le plein. Je préfère passer 20 à 50 minutes à me détendre, travailler, boire un café dans un endroit tel qu’un hôtel plutôt que 10 minutes dans un lieu froid et grouillant avec des distributeurs de café souvent dégueulasses… Et si vous préférez respecter la consigne de sécurité routière “toutes les 2 heures, la pause s’impose”, une voiture électrique vous ravira.
Si vous êtes garagiste, vous serez moins sensibles que moi à cet autre gros avantage. La première révision d’une voiture électrique porte sur le contrôle des cellules des batteries à 80 000 kilomètres. Terminés les rendez-vous réguliers, qui vous coûtent quelques centaines d’Euros, rien que pour des vérifications, et la mise à niveau des fluides et autres filtres. Sur une voiture électrique, il n’y a qu’un réservoir (outre le réservoir à hydrogène le cas échéant) : le réservoir du lave-glace. En terme d’entretien vous vous intéresserez uniquement à vos pneus, à ce liquide lave-glace et aux balais d’essuie-glace. De plus ces véhicules se rechargent à la décélération en freinant ce qui économise grandement vos plaquettes et disques de freins. De quoi inquiéter en effet les garages mais aussi les Feu-Vert et autres Midas.
Un choix écolo ?
Houlà, pas si vite… Au regard de ce vous venez de lire, vous aurez compris que le côté écolo ne dépend pas que de vous… mais aussi de l’origine de l’énergie que vous consommez en roulant. Et vu que cette question est presque aussi obscure que de calculer les empreintes écologiques de la fabrication des véhicules, vous n’êtes pas prêt(e) d’avoir la certitude d’agir pour la planète.
En fait le comportement écolo n’est pas lié au véhicule mais à vos choix de fournisseur d’énergie (quand il s’agit de recharger chez vous), et surtout de votre usage et de votre conduite ! Si vous voulez adopter un comportement écolo, il va falloir changer vos habitudes :
- en levant le pied : persuadez vous que vous roulez en permanence en période pic de pollution : 20 kmh en dessous des limitations habituelles. (Moi je n’y suis pas du tout !)
- en limitant vos accélérations,
- en faisant du co-voiturage… Je n’en fais pas non plus !
- en préférant la marche sur vos trajets les plus courts…
J’imagine que vous êtes comme moi ? Plus simple de se donner verte conscience en achetant une voiture supposée “propre”, non ?
Remarquez, l’avantage de la voiture électrique d’un point de vue pédagogique est intéressante. Quand vous accélérez fort et roulez à une vitesse importante, vous vous rendez-vous vite compte que vous vous éloignez de l’autonomie théorique annoncée par le constructeur ! Avec un véhicule thermique on peut également s’en rendre compte mais l’on prête finalement moins attention à sa consommation qui impacte pourtant grandement notre porte-monnaie.
Et pour finir : l’argument du prix, il faut penser prix de revient plus que prix d’achat. Un véhicule électrique puissante permet d’obtenir un bonus de 6000 Euros, alors que pour obtenir la même puissance avec un monstre thermique l’état vous pénalisera de 10 000 € (plus les taxes à la pompe proportionnelles à la consommation du bolide). La carte grise vous coûtera quelques Euros seulement, et votre assurance sera réduite de 20% par rapport à un modèle thermique de puissance fiscale équivallente. Prenez aussi votre calculatrice pour calculer les économies de carburant (environ 5 fois moins cher au km) en fonction de votre kilomètrage annuel. Pour les entreprises, un véhicule propre n’est pas soumis à la TVS (Taxe sur les Véhicules de Société), et permet un plafond d’amortissement supérieur.
Et demain ?
Pour l’instant on constate donc que l’état nous encourage à acheter un véhicule propre… Mais avec le développement de ces véhicules, l’état voit fondre ses recettes liées aux taxes sur les carburants… et il va bien falloir trouver des recettes pour compenser. Parmi les idées : une augmentation importante des taxes sur l’électricité, et aussi l’hydrogène. Les détracteurs du compteur Linky se servent de cet argument car ce compteur connecté et intelligent (on devrait dire “pas si con”) est à même de savoir si vous utilisez un équipement de forte puissance, et donc de prévoir un prix supérieur de votre électricité en fonction de la puissance utilisée à chaque instant. Le futur dispositif de taxation est déjà en place en quelque sorte dans votre foyer. TESLA a également fait le choix de faire payer assez chère sa puissance de charge (la rapidité a un coût). Le prix moyen du kmh en France est de l’ordre de 0,15 €, et TESLA a récemment augmenté son coût au kmh de ses super chargeurs qui est passé de 0,20 à 0,27 centimes d’Euros… Les propriétaires des TESLA Model S achetées avant 2017 ont toujours accès gratuit aux super-chargeurs. Mais on voit bien la tendance chez ce constructeur qui se tire en même temps une balle dans le pied…
Avec tout ça, vous êtes bien avancé(e) ! J’imagine qu’il ne va pas être plus simple pour vous de faire un choix entre tous ces pis-allers. Allez faites une bonne route, avec des pauses électriques ou pas, et le pied léger !
Une réponse sur “Voiture électrique, thermique, à hydrogène ?”